"Scénographie :
espace partenaire
"
de Jean-Claude De Bemels


Expo présentée du 9 au 27 janvier 2001à la Maison du Spectacle
La Bellone.

Ouvert du lundi au vendredi
de 11 à 19 h. 

     
 
 



>> Pour en savoir plus : 
Maison du Spectacle
La Bellone 
46 rue de Flandre 
1000 BXL
Infos :
02/513 33 33
Site officiel :
www.bellone.be 

>> Voir aussi l'article consacré à Jean-Claude De Bemels : 
>> lire l'article
 


"Diotime et les lions"  de Henri Bauchau
Exposition / installation de Jean-Claude De Bemels

INFORMATIONS... ARCHIVES… TRACES…
Pourquoi garder des traces d’un art par essence éphémère ?


La scénographie est multiple : voici à l’occasion de cette installation à La Bellone quelques façons de l’envisager.


Textes-photos-vidéos-éléments de décor-costumes ne sont évidemment que des reflets d’un moment intense de théâtre qu’on a vécu et que d’autres ne pourront jamais connaître. Mais on aime à retrouver ces moments et on aimerait les faire partager à d’autres.

Ces lambeaux de spectacle peuvent tout au plus contribuer à mieux faire comprendre toute la complexité d’une création théâtrale.  Suggérer d’autres pistes de recherches, des voies théâtrales pas ou trop peu explorées…

Scénographie de rue :
Scénographies déambulatoires, portées, tirées, poussées, manipulées.

- LE PERIACTEUR (Exposition Universelle, Lisbonne, 1998)
(Création : Jean-Claude De Bemels, conception et réalisation technique : Bruno Renson, décoration : Jean-Claude De Bemels, Julie Delwarde, Peggy Frankart, Pieter Heycken, Geneviève Périat et Raphaël Rubbens)
Lors de l’exposition universelle de Lisbonne en 98, Joao Brites, du Théâtre O’Bando, fut chargé de la conception d’une animation de rue dans le cadre de l’expo. Il lança l’idée d’une parade de « machines à pérégriner ». Suggestion d’un Portugal qui connut l’expansion coloniale, les grands voyages, les grandes découvertes. Brites demanda à douze scénographes ou théâtres de concevoir chacun une machine à pérégriner. Ainsi, Jean-Claude De Bemels inventa le Périacteur, machine : machine destinée à être tractée et poussée par deux ou trois personnes.

Scénographies inspirées par un matériau :

- le BAMBOU (dans l’installation présente) 
Un matériau fascinant au théâtre pour sa légèreté, sa souplesse, mais aussi sa robustesse.
Le scénographe l’a souvent utilisé pour ces raisons : des bambous comme supports d’étendards, des petits bambous comme armatures de costumes aériens ou de chapeaux étonnants dans un opéra, décoration légère de chars énormes dans la Parade Zinneke, …
Des bambous de 5 mètres reliés entre eux par des soieries légères forment un décor mouvant que 2 ou 3 personnes peuvent manipuler sans effort.
Le bambou est une matière superbe, quasi dorée dans les éclairages.
Son seul « défaut » est de se fendre s’il fait trop sec, et de ne supporter ni clou ni vis.

Regardez bien le chemin qu’on vous propose ici, tout est lié, noué, ligaturé. Le bambou oblige le scénographe à renouer avec les élastiques ! 
Le bambou est source d’inspiration pour des techniques à redécouvrir…

- l’EAU (dans « Fin de partie » et « La soupe au crapaud »)

  • FIN DE PARTIE de Beckett - Mise en scène : Marcel Delval - Théâtre Varia, 1984.  Le Théâtre Varia allait être rénové.  On pouvait imaginer une scénographie qu’on n’aurait jamais osée dans un théâtre tout neuf.
    L’idée fut de suggérer un monde mis sous eau / un théâtre où l’eau monte. Tout le Varia, de mur à mur, transformé en bac à eau. De l’eau partout, jusqu’au mur du fond. De l’eau jusqu’au bord des pieds des spectateurs.
  • LA SOUPE AU CRAPAUD de Didier de Neck et Bernard Chemin - scénographie sur une idée de Bernard Chemin - Théâtre de Galafronie, 1983.  Être scénographe, c’est parfois se mettre au service d’un metteur en scène ou d’un créateur pour l’aider à réaliser son idée, fut-elle apparemment la plus farfelue ou la plus impossible. Par exemple, l’envie de jouer dans une énorme assiette à soupe, qui devient la scène où vont se matérialiser les rêves d’un gamin qui ne veut pas manger sa soupe…

    Le théâtre devient alors le lieu fabuleux de l’objet hors mesures. 
    Une cuillère de 2 m 70 dans une assiette qui contient 5000 litres d’eau !
    Scénographie de tournée (montage et démontage tous les jours, transport dans une camionnette)
  • SOUS LE CHAPEAU D’HENRI de Philippe Léonard et Sylvie De Braekeleer, sur une idée de Michel Bernard - Mise en scène : Sylvie De Braekeleer - Théâtre Isocèle, 1996.  Spectacle créé collectivement sur le thème d’un personnage qui a réellement existé (à la mort de sa maman, il a commencé à peindre sa maison, intérieur et extérieur, le jardin, les meubles, son chapeau, ses vêtements, sa vaisselle... de milliers de points de couleur, devenant progressivement une attraction dans son village), SOUS LE CHAPEAU D’HENRI est un spectacle pour jeune public destiné à tourner pour les enfants de 6 à 12 ans, dans les écoles ou les lieux culturels, pendant les heures scolaires.  
    Décor à monter/démonter régulièrement.

    De Bemels invente un lieu à jouer, une sorte de structure de maison qui est un assemblage : ni écrous, ni vis, mais des emboîtements. Et toute cette structure assemblée peut facilement bouger, trembler, si le comédien l’actionne, si le comédien fait bouger un seul portant, toute la structure bouge : comme si une tempête, un grand vent, passait sur la maison. Image très impressionnante et immédiate, réalisée avec des moyens ultra simples, de délabrement, de ruine, de fantôme de maison…

    Difficulté supplémentaire, quand il s’agit d’un théâtre de tournée, et que le décor est une assiette devant contenir 5000 litres de « soupe » ! (voir LA SOUPE AU CRAPAUD)

Scénographie permettant un autre rapport au public :

- LA MISSION de Heiner Muller - Mise en scène : Marcel Delval et Michel Dezoteux - Théâtre Varia, 1986.
L’idée du départ fut de placer le spectateur en position de voyeur pour cette pièce qui propose une réflexion poétique et violente sur la Révolution française. 80 spectateurs, pas un de plus, surplombent l’aire de jeu : parquet d’ambassade qui dévoile en se soulevant un bourbier : celui d’où émergeront les morts (les souvenirs), celui où s’affronteront, réellement et physiquement, Danton et Robespierre.

La position du spectateur est ainsi accentuée, au même titre que celle de l’acteur. La Révolution est finie, les morts racontent, le temps est théâtral. L’espace de jeu est cerné de portes qui sont celles des loges des comédiens. Et le spectateur est témoin de leurs changements de costumes ou de rôles. Quelqu’un qui vient de mourir traverse l’espace pour aller se doucher. Par le biais des portes, on passe sans problèmes du XVIIIème au XXème siècle. Un personnage en perruque succède à un personnage en complet-veston. Tout est normal pour le spectateur-voyeur conscient d’être au théâtre. 

Scénographie « partenaire » :

- DIOTIME ET LES LIONS de Henri Bauchau - Mise en scène : Gisèle Sallin - Théâtre des Osses, Fribourg, 1994.
Un dispositif simple : 50 perches en bois de 45 mm de diamètre et de 5 m de long, reliées entre elles par des fils pour former un carré de 5m de côté. Le tout suspendu à 6 fils manipulés par un régisseur par l’intermédiaire de 6 treuils manuels. Le décor est ici un vrai partenaire pour la comédienne, il modifie en permanence son espace de jeu, et grâce à l’éclairage lui donne son sens. Il devient mur, flan de cheval, prison, barrière à franchir, toit de tente pour dormir, dune dans le désert, ciel à la belle étoile…Le troisième partenaire est évidemment le régisseur qui travaille dans l’ombre en permanence, avec sensibilité, attentif au jeu de la comédienne.

Le scénographe conçoit l’espace d’une représentation théâtrale en connivence étroite avec le metteur en scène d’abord, mais aussi avec toute l’équipe de création. Comédiens, éclairagiste, régisseurs doivent être en accord avec la scénographie proposée.

Le scénographe conçoit non seulement l’espace de jeu où évolueront les comédiens, danseurs ou chanteurs, mais parfois aussi l’espace des spectateurs, de façon à créer des rapports privilégiés entre le spectateur et l’acte théâtral.

A l’aide des volumes, des matières et des couleurs, le scénographe crée l’espace spécifique qui répondra le mieux aux impératifs du texte et de l’action : espace partenaire de jeu pour les comédiens, espace porteur de symboles, de réalités, de contresens…en accord avec la dramaturgie du spectacle, espace éphémère qui vit au rythme des ombres et des lumières.

Le scénographe participe à la magie du théâtre en apportant sa créativité personnelle à l’équipe qui réalise le spectacle, tout en assurant la cohérence de tous les éléments visuels de la représentation.

Jean-Claude De Bemels - octobre 2000
Mail : jc.debemels@periactes.be

 
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