"Le
Lieutenant d'Inishmore" au Théâtre de Poche,
est bourré de violence, d'extrême cruauté... mais
c'est tellement drôle, caricatural... Sujet
sensible par excellence, le terrorisme est ici
tourné à la dérision mais derrière cette truculence
verbale et cette violence gratuite, la gravité
du sujet secoue et questionne.
Padraic (Karim Barras), l'esprit le plus tordu
que la 3ème ou 4ème génération des terroristes
irlandais ait jamais pondu, est en pleine séance
de torture d'un petit dealer de cannabis, quand
son père (Guy Pion) lui annonce au téléphone que
son chat, son seul ami, est malade. Le chat, en
fait, a eu la cervelle éclatée, mais personne,
même pas son père n'ose le lui annoncer...
Padraic file illico presto pour Inishmore, trois
tueurs de la faction adverse à ses trousses, pour
régler ses petits problèmes animaliers et en profiter
pour terroriser quelque peu la ville. Il faut
dire que dans cette région où on est à la dixième
génération de poseur de bombes, où dès leur plus
jeune âge les enfants - filles comme garçons -
s'exercent au tir avec des carabines à plombs
en prenant pour cible les yeux des vaches, où
les mots vengeance et représailles font partie
du quotidien, on traite la vie humaine avec le
dédain le plus profond. Mais attention !, on peut
faire montre d'une grande sensiblerie face au
destin malheureux d'un petit chat...
Le Lieutenant d'Inishmore est une formidable satire
du terrorisme instauré en train-train quotidien.
Martin McDonagh prouve qu'on peut rire de tout
comme l'a fait avant lui Synge au théâtre et plus
récemment Tarantino au cinéma avec lesquels la
filiation se pose comme une évidence.
Un spectacle à déconseiller aux âmes (trop) sensibles
(qui ne supportent pas les bouillons sanguins
ou les effets spéciaux); pour les autres : foncez
car le rire est ici une arme puissante contre
la bêtise humaine.
A voir sans hésiter !!!
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