Sans misérabilisme, sans féminisme victimaire,
sans tabous, Illégitime Défense pose enfin la
question de la violence conjugale. Cette
violence dont il a fallu plusieurs siècles avant
d'oser en parler sur la place publique. Mais
c'est aussi une pièce qui rebondit sur la
violence du quotidien. La violence de
l'amour blessé. Une saint Valentin où les
cadeaux sont coups et blessures.
« J'avais entendu le père
de mon père dire qu'il ne faut pas se fier à un
animal qui perd du sang tous les mois et qui n'en
meurt pas »
Dans le microcosme exigu de sa cuisine, Maria, une
femme séduisante de 30-35 ans, nourrit son père,
un vieillard sournois, acariâtre, miné par le
cancer.
Deux personnages rongés par la rancoeur, hantés
par un passé indicible. Maria vient d'apprendre
la mise en liberté conditionnelle pour bonne
conduite de son mari Ulysse, relaxé après les
trois années de détention pour coups et
blessures qu'il a purgé suite à la plainte de sa
femme. Elle se retrouve au coeur du cercle
infernal dont les stigmates harassent encore son
corps et son esprit. Prise au piège entre
l'impulsion de fuir et son incapacité à laisser
son père, entre l'angoisse perpétuelle qu'Ulysse
la retrouve un jour et la peur de demeurer au
domicile conjugal.
Ulysse débarque plus menaçant et arrogant que
jamais. son impunité ressurgit face à l'attitude
de Maria oscillant entre provocation et
soumission.
Ironie illusoire de l'un et l'autre. Incapacité
de briser le cercle. L'illégitime défense
semble s'imposer comme unique et dernier recours.
Cette pièce, écrite par deux acteurs - metteurs
en scène espagnols, a suscité un grand émoi
dans l'Espagne contemporaine, lors de sa création
en février 2002. En Espagne, pas moins de 11% des
femmes sont victimes de violences conjugales (soit
près de deux millions de personnes). Le jeune
gouvernement de J.L. R. Zapareto a décidé d'en
faire une priorité absolue. Le Premier Ministre
clame haut et fort : « Le nombre de femmes
maltraitées est pour moi la pire honte de ce pays
» et dépose un projet de loi pour lutter contre
ce fléau, projet qui vient d'être voté.
La pièce fut écrite pendant l'été 2001, alors
que la presse relayait des faits divers de plus en
plus sordides concernant le meurtre de femmes. Les
auteurs ont rencontré de nombreuses femmes placées
sous surveillance, victimes de violences extrêmes.
Ils ont pu ainsi se soutenir de la réalité mais
également convier l'imagination théâtrale.
Entre fiction, documentaire et écriture sociale,
la pièce frappe par sa maturité et son
originalité.
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Avec le soutien de l'Institut pour l'Egalité des Femmes et des
Hommes, de l'Ambassade d'Espagne.
En partenariat avec Amnesty International, Garance asbl., Centre de
Prévention des Violences conjugales et familiales, Magenta, Praxis,
FPS (Femmes Prévoyantes Socialistes)
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