Fils d'un tailleur et d'une fleuriste de mode, Antoine Mortier est à l'âge de quinze ans apprenti dans un atelier de sculpture ornementale, pratique ensuite divers petits métiers (notamment celui d'ouvrier- fourreur), tout en fréquentant divers cours à l'Académie royale des Beaux-Arts de Bruxelles, puis des cours de dessin et de sculpture aux académies bruxelloises de St-Josse-ten-Noode et de St-Gilles.

Mais il donne bientôt sa préférence au dessin et à la peinture. Attiré également par la musique, il est choriste au Théâtre Royal de la Monnaie de 1940 à 1947.
 

En 1946, il expose ses oeuvres pour la première fois individuellement à Apollo, jeune galerie-pilote de Bruxelles dirigée par Robert-L. Delevoy. Devenu à ce moment-là membre du groupe de La Jeune Peinture Beige, il en démissionne huit mois plus tard estimant ses confrères trop inféodés aux peintres de Paris. C'est alors aussi que le tailleur-collectionneur Gustave Van Geluwe s'intéresse particulièrement à son oeuvre.

 
 
Invité ensuite à exposer régulièrement au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles par Robert Giron ainsi que dans quelques galeries étrangères, son oeuvre s'impose comme l'une des plus puissantes et des plus authentiques de cette génération, non seulement belge mais étrangère (p.e. P. Soulages et G. Mathieu en France, Fr. Kline aux USA), qui s'est vouée à une abstraction de type lyrique et gestuel que l'on nomme aux USA "expressionnisme abstrait".

Deux musées américains (I'Albright Art Gallery à Buffalo où il participe à l'exposition "Huit peintres européens contemporains", le Guggenheim Museum de New York) se portent acquéreurs d'une toile (Variation de 1951 et Torse de 1948).



Variation de 1951
Huile sur toile 116x73
Albright Art Gallery
Buffalo/N.Y.
 

 


Paul Fierens lui consacre en 1954 une première monographie. En 1956, un voyage d'étude en Espagne le marque profondément et le rapproche du Greco et de Goya.

En 1959, un autre voyage, cette fois en Italie, enrichit sa formation et sa sensibilité. Entre-temps, l'artiste est invité à participer à diverses biennales internationales (Venise, Sao Paulo, Tokyo). En 1967, il se retire pour une quinzaine d'années à Piétrebais dans le Brabant wallon.

En 1983, Mortier est sollicité pour créer une oeuvre à intégrer dans la station du métro bruxellois L'Yser: se remémorant les tragique événements de la première guerre à l'Yser, il réalise une Piéta massive et abstraite faite de béton et d'haut-relief en acier.

En 1986, il est honoré d'une double rétrospective aux Musées royaux des Beaux-Arts et au Palais des Beaux-Arts de Bruxelles.

En 1989, à l'initiative des "Amis d'Antoine Mortier", une importante monographie fait la somme de son oeuvre et un court-métrage vidéo lui est consacré.

Il décède en janvier 1999.